Paysages sonores, assemblages de tous les sons et de toutes voix qui nous entourent, ils sont aussi modelés et organisés par l’entremise des architectures et technologies qui amplifient le son, le transportent, le réverbèrent, le bloquent, l’étouffent, le captent ou l’enregistrent. Murs, fenêtres, portes et autres architectures créent ainsi des lieux d’intimité acoustique, des arènes sonores. Téléphones et autres technologies électroacoustiques stockent et transportent les voix et les discours : des plus grandes décisions diplomatiques, aux transactions boursières, en passant les tête-à-tête familiaux. Ces technologies et pratiques régulent et construisent nos cultures sonores, orales, et auditives au quotidien. Technologies et dispositions qui créent et organisent ainsi des systèmes de pouvoir, de politique, de décision.

Qu’en est-il des futures transformations des paysages et cultures sonores? Qu’elles transformations matérielles ou technologiques pourraient interagir avec nos futures cultures sonores et orales? Avec l’avènement de la fabrication numérique, comme l’impression 3D, on voit ainsi naître les technologies des méta-matériaux. Par définition, les méta-matériaux sont des matériaux fabriqués qui permettent d’atteindre ou de créer des phénomènes physiques impossibles à réaliser autrement. Ainsi, l’application et le design précèdent dans ce cas le matériel. Ce dernier est par la suite fabriqué pour répondre au design requis. Plus spécialement, les méta-matériaux acoustiques se développent dans plus en plus de laboratoires d’acoustique. Ces matériaux, issus de la fabrication numérique, disposent des propriétés qui découlent de leurs organisations géométriques, cristaux, résonateurs, etc. Pour le son, ils peuvent le filtrer, le courber dans l’espace, lui imposer un déplacement à sens unique, le traiter, le transformer, voire ultimement le soumettre à un calcul, mais simplement par des moyens passifs et purement matériels, c.-à-d. sans ordinateur, sans machine. Sorte d’algorithme matériel et acoustique. Ces méta-matériaux acoustiques deviennent donc une sorte d’entité purement matérielle qui traite les ondes sonores comme une donnée, dans toute sa matérialité immédiate.

À grande échelle, intégrés à l’architecture, ils pourront être les formateurs et modulateurs des paysages et cultures sonores de demain. En guise de détournement et d’approche holistique à toutes ces questions, et avec le souci de poser des questions quant aux résonances culturelles et sociales de ces structures et objets, nous avons initié un travail sur les méta-matériaux acoustiques avec une approche alliant arts sonores et ingénierie acoustique. Comment de tels matériaux et structures sonores, comme des lentilles acoustiques, pourraient sculpter et influencer les cultures et environnements sonores?

Cette communication numérique illustre l’avancée des travaux et vise le partage d’exemples. Exemples illustrant comment notre approche dite de penser-par-le-faire via l’auralisation virtuelle des matériaux prototypés nous a permis d’agir et de communiquer rapidement en traversant des secteurs et des disciplines, sans s’embrouiller dans des divisions disciplinaires ou taxinomiques.

 

AUX, de auxiliaire - Provenant du latin auxiliarius (venant à l’aide), auxiliarius est issu de auxilium (aide) avec -arius comme suffixe (suffixe nominal). AURAL - Relatif à l'oreille. Auralité, par oposition à l'oralité qui est d'usage plus courant, place l'accent sur l'oreille, sa matérialité, plutôt que sur la parole ou le langage dans le cas de l'oralité.

Le titre serait donc ===> Auxauralités ===.